Collaboration entre Paolo Dias Fernandes et Laurent Navarre

Elle était belle cette histoire. D’allers-retours en superstitions, maudite avant l’heure, effacée, achevée, drôle d’histoire. A croire que tout prend fin exactement de la même façon, toujours. Les âmes trop vite enflammées finissent toutes au même endroit dans le Tartare des sentiments déchus. Pris dans la vague, condamné à recommencer, encore. Ce souffle qui m’effleure c’est le souvenir de ton regard qui se pose sur mes nuits et mes fièvres. Voilà revenir le temps des grands voyages, l’heure où les navires hissent leurs voiles et que des marins hagards usent leurs paumes à la corde de l’ancre. Ne t’enfuis pas trop vite, je commençais à rêver. Toujours, tu sais interrompre mes excursions insomniaques. Parle moi encore, puisque je suis éveillé de Grenade et de Constantinople, de ce temps où les amants entraient dans l’Histoire comme on entre dans les bordels, par hasard. Parle-moi, si tu sais encore parler. Si toutefois tu m’entends. Elle était belle cette histoire quand tu la racontais hier. Hier meurt toujours dans les misères d’aujourd’hui, si bien qu’on croit apercevoir son spectre en transparence sur les rideaux tirés. C’est la triste aventure des coeurs abandonnés, qui cherchent – je cherche – le halo du phare au coeur de la tempête avant que, comme tous les autres, ils s’abiment – je m’abime – sur l’écueil. Laisse-moi dormir, sinon frémir, sinon rien. Laisse-toi revenir, sinon rien, sinon mourir.